22h - Ruelle sombre
J'avançais sans réellement me soucier de l'heure dans ces petites rues qui menaient chez moi. Ma séance photo avait prit plus longtemps que prévu, et je n'avais pas réussi à trouver de taxi pour rentrer, malheureusement. Marche ne me dérangeait pas : Cherokee commençait à être comme ma maison, et je ne me rendais pas réellement compte du danger. Après tout, j'ai toujours tendance à vivre dans un monde de bisounours...
Un pas après l'autre, je finis par passer à coté d'un groupe de voyous, bruyants et totalement ahuris. Enfin, pour moi, à cet instant, ce n'étaient que des fêtards sans intérêt. Moins de dix secondes plus tard, je changeais d'avis : l'un d'entre eux m'avait attrapé le bras et me braquait une lampe torche dans les yeux.
- Hey les gars ! Regardez ça, une pute Chinoise !
Mon cerveau mit quelques secondes à réaliser ce qu'il venait de dire. J'ouvris la bouche puis la refermais, avant de rétorquer que j'étais japonaise et non chinoise. Ces deux peuples avaient toujours eu quelques petits soucis l'un avec l'autre, et c'était plus ou moins une insulte que de dire que j'étais chinoise. Mais, pour une fois, je réussis à m'empêcher de dire quoi que ce soit et me contentait de lever la mains pour tenter de filtrer la lumière.
- Attends... Mais c'est qu'elle est mignone en plus !
Mon regard noir affolé passait d'une ombre à l'autre. Je n'arrivais même pas à voir leurs visage. Une autre main me saisit par le menton et fit tourner mon visage de la gauche vers la droite.
- Vachement canon en fait, pour une bridée ..
- Lâchez moi
Ma voix me semblait totalement faiblarde, j'étais incapable de crier. Je tentais de me débattre, voyant parfaitement ce qui allait se passer, et je finis par griffer le visage de l'un de mes deux agresseurs. Lequel ? Aucune idée. Tout ce que ça me valut, ce fut qu'on me maintint les bras en arrière et qu'on me jeta à genoux. Quelqu'un m'attrapa mes cheveux et les tira en arrière. J'étais mal barrée, et je m'en rendais parfaitement compte. Là, j'avais besoin d'une aide, sinon j'allais finir violée, maltraité et morte dans un caniveau.
- Alors, la bridée, tu t'attendais à quoi en te baladant dans la rue, toute seule, comme ça... Hein ? T'es là pour ça et tu le sais !
Des larmes se mirent à couler sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Au secours ? Quelqu'un ? Dieu ?