Elle n’allait pas tarder. Je connaissais ses horaires de travail, même l’adresse de son patron. Je n’avais qu’à attendre en bas de chez elle. Adossé à une voiture garée devant son immeuble, je patientais, clope au bec. Pure coïncidence, ou pas, nous étions presque voisins. De ce fait je pouvais aisément la croiser quand l’envie m’en prenait, comme maintenant.
D’elle, je savais presque tout. J’avais cherché à savoir qui elle était, ce qu’elle faisait, qui elle voyait. J’avais besoin de le savoir. Pour mieux l’atteindre. Alors oui, à proprement parler, elle ne m’avait rien fait. Pas de blessures, de trahison. Son seul crime c’était d’avoir fait revenir notre père auprès d’elle et de sa mère, me privant moi de le connaître. Et pour ça je lui en voulais. Je tirais sur ma cigarette, laissant le poison se consumer et se répandre en moi, recrachant la fumée en forme de rond. Je jetais le mégot au moment où je perçus sa voiture. Derrière mes RayBan, je l’observais, un sourire pointant sur mes lèvres. Les gentillesses allaient fuser. Elle se gara rapidement avant d’en sortir, agacée. Que le jeu commence. «
Tu fous quoi Marlon ? » avant d’enchainer «
T’as perdu ta boucle d’oreille ? ». Je lui sourisn me débarrassant de mes lunettes. Mon regard fut capté par une jolie demoiselle passant à côté de nous, mais je n’avais pas le temps de m’amuser. Je me tournais de nouveau vers ma voisine. «
Ais-je besoin d’un raison pour rendre visite à ma sœur adorée, Holly ? ». Ses tentatives de moqueries ne m’affectaient pas. J’aurais pu m’énerver, mais ça n’en valait pas la peine.
Je lui souriais toujours, remontant doucement les manches de ma chemise. Toujours adossé sur la voiture, je ne bougeais pas. Elle était tenace je dois l’avouer. Elle ne se laissait pas abattre même quand j’enfonçais le clou. Ma demi-sœur était coriace, et c’était peut-être la seule chose que nous avions en commun. «
Barres-toi Marlon ou j’appelle les flics. » Je ne pu m’empêcher de rire. «
Tu n’es pas sérieuse quand même. » dis-je, toujours affublé de mon sourire goguenard «
Je suis mort de trouille. » Enfin je me le venais, marchant dans sa direction. J’étais bien plus grand qu’elle, et j’appréciais de pouvoir la regarder de haut. Nous avions les mêmes yeux, et presque la même couleur de cheveux. Comme notre père, étant donné que ma mère était auburn. Edouard devait être à peu près pareil. Par moment, je me posais la question de savoir comment ça aurait été si j’avais grandis avec eux. Est-ce qu’ils auraient été protecteurs avec moi, le petit dernier ? Est-ce qu’Edouard m’aurait défendu des autres gamins ? Est-ce que j’aurais eu le béguin pour une des copines d’Holly ? Je ne pouvais le savoir, et ne le pourrais jamais. «
Garde tes menaces de fillettes pour les autres. » Ma voix était glaciale, et mon sourire avait disparu. J’avais cette manie de changer d’humeur en pleine conversation, déstabilisant mon interlocuteur. On m’avait déjà dit que je pouvais être flippant quand je le voulais, et ça m’amusait. Nos yeux étaient accrochés l’un à l’autre, essayant de se dominer. Aucun de nous n’était décidé à abandonner. «
J’ai fait tout ce chemin pour mieux te connaître, ne me prive pas de cette joie. »
@destiny.