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 I still care for you & Rebecca

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MessageSujet: I still care for you & Rebecca   I still care for you & Rebecca EmptyJeu 4 Juil - 20:15





I still care for you.



    « Maman, non, ne joues pas avec ta nourriture…Maman, s’il-te-plait. » Un soupir las s’échappa de tes lèvres. Ereinté de ces repas où tu contemplais la déchéance de celle qui t’avait mis au monde, tu n’avais plus le courage pour crier, hausser la voix. Celle-ci se perdait au fond de ta gorge, ronronnement douloureux au creux de tes entrailles. Depuis trop d’années, tu subissais cela. Depuis trop d’années, tu faisais semblant. Tu avais envie d’écraser l’indulgence, la patience. Tu avais envie d’éclater les principes, les limites. Tu avais envie de la haïr et pourtant, c’était trop-plein d’amour que tu continuais votre combat contre l’enfance, contre l’indécence du destin et sa cruauté. Tu l’aimais profondément et personne n’aurait pu t’enlever cet amour qui embourbait ton cœur et tes viscères. Elle était ta mère, celle qui 17 ans plus tôt, avait glissé sa main dans tes cheveux ébouriffés, en te chuchotant « je t’aime » avec une évidence troublante, comme si le temps n’avait pas de pouvoir sur eux. Et maintenant, c’était lui qui reproduisait ces gestes délicats qui s’inscrivent dans l’âme et vous font sentir plus forts et plus robustes. « Allez maman, je suis là… » Tu t’approchas d’elle, effleuras son cou trop maigre et vieillissant. Tes mains s’enroulèrent autour de la serviette qui servait de bavoir, et tu remis en place celle-ci. Tu n’avais pas eu, comme à ton habitude, l’envie de tirer trop fortement sur elle, l’envie de l’étrangler, d’arrêter son supplice. Tu n’avais pas eu la rage au cœur et tu avais été plein d’une douceur fragile qui épouse les promesses. Aujourd’hui, il n’y avait pas de place pour la mort et la fin de ce fardeau trop lourd à porter. Aujourd’hui, il n’y avait que les espoirs.

    Le repas terminé, tu te dirigeas quelques minutes vers l’appartement d’à côté. Nous étions dimanche et aucune infirmière ou aide à domicile n’était réquisitionnée pour s’occuper de ta mère. Tu devais être le seul responsable de ses soins et père de cette enfant, qu’elle était devenue. Parfois, tu pensais avec noirceur et un brin d’humour, que ton complexe d’Œdipe était définitivement brisé. Si tu avais envie que ton père trépasse, il en était parfois de même pour ta mère. Sans eux, tu aurais pu te reconstruire aisément, mettant de côté les affres de ton passé. Sauf que tu ne pouvais pas, tu n’avais jamais eu le courage d’exécuter l’acte dont tu fantasmais parfois. Dès que son regard croisait le tien, tu te souvenais de son amour, d’elle et tu ne pouvais te résoudre à mettre fin à ses jours. Tu endossais simplement le rôle de père, d’adulte, inversant les normes établies. Vous étiez loin de la famille conforme et adéquate. Alors les valeurs morales qui étaient diffusées dans cette Amérique, un zeste archaïque, tu les méprisais. Qui pouvait donc juger de ce qu’était une famille ? Qui pouvait savoir que deux hommes ne feraient pas de bons pères ? Que de femmes ne feraient pas de bonnes mères ? Qui avait le droit de porter des avis sur l’amour, sur les relations, sur ce qui constitue les hommes ? Si ce désastre t’avait au moins appris une chose, c’était bien la tolérance. Tu ne jugeais pas la vie de chacun. Tu étais bien mal placé pour le faire.

    « Hé Nanie, tu peux venir t’occuper de Maman ? J’vais juste boire un café, j’ai besoin de changer d’air. Elle est un peu difficile aujourd’hui. » Elle te glissa un baiser sur le front, comme si elle revivait ton enfance, comme si elle revoyait les traits de ta jeunesse sur ton visage plus âgé. Nanie était ta voisine. Et s’il y avait bien quelqu’un de généreux sur cette Terre, c’était elle. Portant les marques d’un passé dont elle ne parlait que rarement, elle remplissait son appartement de photos d’une famille qu’elle avait rencontré plusieurs années auparavant et qui n’était pas la sienne. De l’entrée à l’école d’Andrew, à sa remise de diplôme, elle portait au cœur les stigmates de cet appartement vide dans lequel elle vivait. Ni de rire d’enfant, ni de cris de mariés. Il n’y avait que le murmure assourdissant de la télévision qui venait remplir le silence laissé par l’existence, et le feulement indigent d’un chat qui régnait ici comme roi et comme ami. Alors, aussi vite que la requête avait été faite, elle avait accepté, laissant partir l’enfant qu’elle avait adopté dans ses tripes et dans son cœur. Et même s’il était aujourd’hui adulte, elle voyait encore le visage dévasté du petit garçon de 10 ans, qui avait perdu du jour au lendemain, les faiblesses de son âge et les rêves de chacun.

    Tu marchais depuis dix minutes, quand tu atteins le café dans lequel tu passais plusieurs heures, quand le courage ne suffisait plus à combler la tristesse. Un cliquetis résonna quand tu ouvris la porte, rentrant dans cet antre chaleureux, où tout le monde devenait personne et où personne devenait tout le monde. Un couple discutait joyeusement dans la petite table du fond, les lumières chatoyantes de cet après-midi ensoleillé venant éclairer leur bonheur et la simplicité de l’instant. Une femme lisait son journal, glissant ses doigts entre les pages râpeuses qui sentaient l’encre encore fraiche et des parfums du monde qui n’étaient possibles d’humer qu’à la lecture des actualités. Deux adolescentes se racontaient, dans un coin discret, les commérages qui touchaient leur lycée ou même leur collège. Toi, tu venais t’attabler au bar, souriant faiblement à ton voisin de chaise. Accoutumé à ce café, il venait inlassablement ici, siroter un thé ou un expresso, ses lèvres se teintant de la couleur du plaisir et de la satisfaction. Tu ne le connaissais pas, tu n’essayais pas de le connaître, mais tu appréciais cette compagnie silencieuse. Tu appréciais ce sentiment de ne pas être unique dans ce petit café qui longeait l’avenue. Tu appréciais le bruit, mais aussi le silence dans ta gorge, l’absence de tes mots s’échappant de ta bouche.

    Tu buvais doucement ton café, tes doigts s’enroulant autour de la tasse brûlante. Tu fermais tes paupières et les rouvrais, plus apaisé. Le serveur venait t’en rapporter un autre et tu continuais jusqu’à que ton cœur ne subisse plus les assauts de la douleur et respire d’un air nouveau et plus bénéfique. Soudain, tu sentis une présence près de toi. Tournant légèrement ton regard, ne pouvant lutter contre la curiosité, tu contemplais la nouvelle venue, discrètement. Elle était jolie, comme une fleur qui ne sera jamais éclose, mais dont on discerne les couleurs pâles et douces. Et pourtant, il y avait quelque chose chez elle de fané. Etait-ce cette petite ridule à la commissure des lèvres ou à l’encontre de ses yeux ? Etait-ce sa peau laiteuse qui portait des souvenirs insupportables et indéfinissables ? Etait-ce son regard qui se perdait dans l’univers sombre ?  Tu ne savais rien de cela. Tu ne voulais pas savoir. Et pourtant, elle t’intriguait. Car ainsi de profil, elle ressemblait à quelqu’un d’autre. Une personne sans nom qui venait simplement repeupler ton esprit de souvenirs ennuyeux. Elle serait sans doute la simple fille au visage semblable à un autre. Elle serait ton inconnue du café.
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MessageSujet: Re: I still care for you & Rebecca   I still care for you & Rebecca EmptyVen 5 Juil - 0:35

i still care for you
I've seen the world. Done it all, had my cake now. Diamonds, brilliant, and Bel-Air now. Hot summer nights mid July when you and I were forever wild. The crazy days, the city lights. The way you'd play with me like a child.




Se défouler, c’est ce qu’elle faisait tous les week-ends. Elle passait toujours quelques heures à la salle de sport pendant cette période. En même temps, sa vie n’avait rien de bien passionnant. Elle avait peur de tout et ne sortait que peu pour éviter de se retrouver dans une situation inconfortable. Elle avait développé une peur de vivre, une peur des autres. Pourtant, chaque jour était un combat, un pas de plus vers une guérison tant désirée. Elle rêvait de pouvoir sortir un jour sans se prendre la tête, sans avoir peur. Elle espérait qu’un jour elle pourrait redevenir quelqu’un et non pas être une ombre qui se déplace aux endroits les moins peuplés. Elle se détestait d’être aussi peureuse que ça mais, elle était marquée par cette terrible année passée dans cet endroit. Elle était marquée par tout ce qu’ils lui avaient fait subir. Elle avait du mal à se dire qu’on pouvait souiller à ce point une femme par plaisir, pour montrer ce que c’est la vraie vie comme ils lui avaient dit. Edouard l’avait incité à se reprendre en main, à reprendre le contrôle de sa vie. Et, il avait eu raison de la pousser. Elle savait que c’est ce qu’elle devait faire. Alors, elle avait été voir un psychologue qui l’avait aidé à travailler sur elle-même, elle avait pris des cours de self-defense pour pouvoir se défendre si elle venait à se faire agresser et c’est ce qui l’amenait dans cette salle de sport aujourd’hui. Elle avait trouvé ce qui lui permettrait d’extérioriser tout ce qu’elle a pu intérioriser dans la semaine. Toutes les contrariétés, toutes les peurs, toutes les angoisses, tout ce qui avait bien pu la chambouler, elle le laissait partir en faisant tout ça.

Une fois sa séance finit, elle alla prendre une douche pour se rafraîchir. Maniaque comme elle était, elle ne pouvait décemment pas rester toute pleine de sueur pour rentrer chez elle. Surtout pas lorsqu’elle passerait par Starbucks pour prendre son café macchiato. Alors, elle se déshabilla et entra dans la douche. Ses muscles se détendirent immédiatement au contact de l’eau et elle ferma les yeux pour mieux apprécier la sensation de l’eau coulant sur sa peau nue et chaude à cause de l’effort. Elle prit tout son temps dans la douche. Elle se massait le cuir chevelu pour se détendre. Elle prit soin de laver chaque partie de son corps parce qu’elle ne supportait pas cette sensation de crasse sur elle. C’était encore une névrose qu’elle avait pris à cause de ce qu’elle appelait l’épisode noir de sa vie. Elle se sentait sale. Tout le temps, qu’importe qu’elle vienne de prendre son bain, elle se sentait sale, pleine de crasse. Elle se sentait souillée. Elle était souillée. A vie. Et quoi qu’elle fasse, elle le resterait parce que ce genre de choses ne s’efface pas. Non. Elles restent gravées en vous pour que vous vous rappeliez chaque jour que fait votre vie que vous avez connu l’un des pires châtiments de l’homme. Et alors que les souvenirs remontaient à la surface, elle se laissa glisser le long de la paroi de la douche et entoura son corps de ses bras, laissant libre cours à son chagrin. Un an s’était écoulé depuis les faits mais pourtant, elle les vivait comme si c’était hier. Elle avait l’impression d’avoir leurs mains sur elle, elle avait l’impression que tous les endroits où ils avaient posé leurs mains étaient marqués et que son corps étaient là pour lui prouver qu’elle devra vivre avec.

Elle finit par sortir de la douche. Après avoir pleuré un bon coup, elle se sentait d’attaque pour reprendre les faux-semblants et avoir l’air d’une jeune femme normale. Sauf qu’elle n’avait rien de normale mais ça, personne ne le sait sauf sa famille. Les faux-semblants, ça lui servait bien mais, elle s’est toujours demandé comment elle allait faire lorsqu’il faudra qu’elle passe au-dessus. Elle n’osait imaginer le jour où elle se retrouvera dans une chambre avec un homme qui lui plaît mais qu’elle sera bloquée à cause de son viol. Elle ne se voyait pas lui dire « Oh en fait, on va pas pouvoir coucher ensemble parce que tu vois, je me suis fait violée par des membres d’une secte dans laquelle je suis entrée pour sauver la vie de mon ex. On peut y aller doucement tu crois ? » Non, elle ne se voyait décemment pas dire ça et elle ne saura jamais comment aborder ce sujet. Elle se rhabilla, se fichant complètement de si elle était jolie et désirable aux yeux des hommes. Elle ne voulait pas séduire, non. Elle ne voulait pas de ça, elle se le refusait. Une dose de parfum et elle prit le chemin du café. Elle était heureuse rien que le fait de penser au goût de la boisson qu’elle allait savourer sur son palais.

Elle entra et se dirigea vers le comptoir. Elle fut saluer par la vendeuse et elle donna sa commande. C’était dimanche et pourtant, il y avait beaucoup de monde. Elle paya et patienta pour qu’on lui donne son saint graal. Une fois sa boisson en main, elle alla s’installer au comptoir pour le boire tranquillement. Elle s’assit à côté d’un homme qui ne lui était pas inconnu. Elle se mit à l’observer et puis elle se lança. « Excusez-moi. je vais vous paraître bizarre mais je crois qu’on s’est déjà croisés… » Elle lui sourit. « Etes-vous coursier dans une entreprise de management ? » Elle rougit.
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